Jean-Paul a fait plusieurs voyages, à pied ou à vélo.
Par tradition, il part d’un endroit bien précis. Un coin de trottoir devant les toilettes publiques de « sa place » à Vevey.
Il m’a raconté comment, en vélo, alors qu’il était épuisé et que le vent lui venait contre, il s’est concentré sur les dix mètres situés devant la roue de sa bicyclette. Il m’a dit que dans cet effort, ces dix mètres lui suffisaient à avancer.
J’ai gardé en tête ces dix mètres.
La tête penchée vers le sol, à cause du poids de mon sac à dos, j’avance.
Avant de pouvoir commencer la reflexion, l’effort physique dicte mes pensées. Mal aux pieds, aux épaules.
Je regarde les deux mètres devant moi. Ils me suffisent.